Mardi 2 octobre l’AG de Rennes 2 a voté le blocage de la fac de villejean pour la journée du 9 octobre. Les participants de cette AG sont principalement étudiants mais voient dans la fac de Rennes 2 un lieu d’organisation pour tous ceux qui veulent lutter, malgré leur isolement au travail, dans leurs lieux d’études. C’est une AG de lutte, tout le monde peut venir y participer, c’est comme ça depuis un bon bout de temps et c’est très bien ainsi, dans une période où l’on veut toujours plus nous séparer les uns des autres et faire que nos combats ne se rencontrent jamais.
L’AG de rennes 2 a donc voté un jour de blocage le 9 octobre, jour d’appel national à la grève par différentes organisations syndicales (CGT, FO, UNEF, UNL, SUD, FSU), sous un mot d’ordre très général d’opposition à la politique du gouvernement Macron. Et comme d’habitude sans propositions concrètes pour construire un rapport de force. Une date de rentrée comme tous les ans, pour chanter ‘’tous ensemble grève générale’’ (en évitant de l’organiser), se rappeler qu’on existe et surtout rappeler qu’on est là avant les élections professionnelles qui arrivent dans la fonction publique. Les directions syndicales nous font le même coup depuis des années. Alors que nous les prolos on s’en prend plein la gueule, le tarif syndical c’est un jour de grève par mois et retour au turbin. Chacun se défend dans sa boîte comme il peut et surtout pas de violences ou de dégradations parce que l’important c’est la RE-SPE-CTA-BI-LI-TÉ. Du coup y’a tout qui passe. Depuis combien d’années on n’a pas gagné un truc?
L’AG de Rennes 2 a décidé d’un jour de blocage, parce qu’elle est constituée de gens qui prennent la politique et la défense de leurs droits sérieusement. Parce qu’elle est constituée de gens qui, étudiants ou pas, sont presque tous précaires et subissent effectivement les politiques de ce gouvernement comme des précédents. Parce que contrairement aux permanents syndicaux ou à ces merdes de dirigeants confédéraux dans leur tour d’ivoire, les réformes on les paye cash.
L’AG de rennes 2 a décidé d’un jour de blocage de la fac parce que le blocage et l’occupation des lieux de travail et de production (dans ce cas de production de savoir mais est-ce si différent?) font depuis toujours parti de l’arsenal de ceux qui luttent. Parce que le but de la grève c’est de gêner le fonctionnement normal de l’économie et du travail, pas juste aller faire une promenade avec ses vieux potes (même si c’est aussi une raison tout a fait valable de faire grève). Parce que contrairement aux directions syndicales ou à tous ceux à gauche qui s’indignent des blocages, on n’a pas oublié comment le prolétariat a gagné l’ensemble des maigres ’’acquis’’ sociaux dont tout le monde se gargarise. Par la grève sauvage, l’occupation (en 36, en 68…), le blocage économique, le sabotage, l’émeute… Sans doute pas en écoutant ceux qui disaient qu’il fallait retourner travailler parce qu’on n’aurait pas plus ou n’importe quelle autre connerie pacificatrice.
Donc l’AG de Rennes 2 a voté un jour de blocage. Et la présidence a commencé à agiter le spectre de l’occupation de l’année dernière, de la liberté d’étudier, de l’année universitaire déjà menacée et toutes les imprécations libérales qu’ils auront pu trouver. Pour un jour de blocage, qui paraît déjà pas très cher payé par rapport aux attaques qu’on subit. Mais bon jusque là rien de très étonnant, le président joue son rôle de bon gestionnaire de l’entreprise rennes 2, de défenseur de la paix sociale sur le campus. Il réussit à monter en épingle cette journée unique de blocage et convoque une assemblée générale du personnel en banalisant deux heures de cours (là pas de problème pour la liberté d’étudier…). C’est là que les masques tombent. Une déclaration est votée se concluant en affirmant que ‘’La direction et les personnels emploieront tous les moyens appropriés pour continuer à exercer leurs missions d’enseignement et de recherche’’. Seule la CGT s’abstiendra (sans voter contre…). Le représentant du SNESUP (membre de la FSU qui appelle à la grève ce jour-là et dont Olivier David, le président, est membre) propose d’organiser un rendez-vous pour organiser le déblocage de la fac. Nous avons donc des syndicats professionnels (notamment de profs puisque la CGT organise principalement le personnel non éducatif et le SNESUP uniquement les profs) qui se proposent, sur un jour de grève, de monter une milice pour débloquer la fac et maintenir son bon fonctionnement. On vous laisse un moment pour penser aux implications de cette information et on en profite pour rappeler à tous ces profaillons, sans doute les même que ceux qui traitaient les bloqueurs de fascistes l’année dernière, ce qu’était l’action des faisceaux de combat, les fameuses chemises noires qui constituèrent le noyau du Parti National Fasciste en Italie.
L’action principale des chemises noires avant la prise du pouvoir de Mussolini était de faire la guerre au mouvement ouvrier et révolutionnaire, et notamment de faire le coup de poing contre les blocages et occupations d’usines très nombreuses à ce moment. Ces pratiques ont un nom, le squadrisme, en bref se faire les sous-fifres et le bras armé de l’État et du patronat.
Nous avons donc d’un côté une assemblée de lutte qui s’est notamment distinguée l’année dernière ou en 2016 par une longue occupation, une combativité à la hauteur des attaques subies, une tentative de composition permanente avec d’autres secteurs et un soutien effectif et quotidien aux autres luttes du coin, comme celle des facteurs, qui au cours de leur grève de 4 mois étaient eux aussi venus un matin apporter leur soutien au blocage de Rennes 2.
De l’autre nous avons des profs qui révèlent leurs vrais visage de bourgeois, parvenus ou pas, toujours prêt à défendre l’ordre en place, même si ça tombe sur un jour de grève. Profs qui ne se sont jamais pointés à l’AG de Rennes 2, sauf pour des appels au calme, alors qu’elle leur a toujours été ouverte. Qui n’ont apporté un soutien au mouvement étudiant que du bout des lèvres, en 2016 comme en 2018. Sans jamais se mettre en jeu, alors que nous subissions la répression des flics et des juges. Des profs ‘’de gauche’’ qui ne préviennent pas de l’expulsion de la fac prévue par la police alors qu’ils sont au courant, et même présents. Et donc maintenant des profs, syndiqués au SNESUP, donc supposément opposés à la politique du gouvernement, qui se proposent de se réapproprier des pratiques qui historiquement appartiennent au fascisme et au syndicalisme jaune. Nous n’avons pas besoin d’éducateurs, nous crachons à la gueule de ceux qui défendent leur entreprise plutôt que de se ranger du côté de ceux qui luttent !
Des prolétaire enragés
PS : Au personnel de Rennes 2 et étudiants qui reste hésitant sur la question du blocage ou de s’y opposer physiquement. Nous rappelons que l’AG de Rennes 2 est ouverte à tous que la pertinence du blocage peut y être discutée par n’importe qui. Si vous souhaitez vous investir contre la politique mortifère de ce gouvernement n’hésitez pas à venir y parler. On se permet de rappeler l’intérêt stratégique du blocage qui n’est absolument pas fait pour emmerder qui que ce soit d’autre que le gouvernement et les réacs (de gauche comme de droite) et pour libérer les étudiants de leurs obligations (parce que dispense d’assiduité ou pas quand y’a cours y’a cours).