Pas de cadeaux pour les patrons !

Un petit texte sur la période de noël auquel nous joignons notre questionnaire d’enquêtes militantes ! Enquête militante

Pendant la saison de Noël 1974, le groupe radical de théâtre danois Solvognen a organisé plusieurs jours d’événements habillés en Père Noël, aboutissant à une émeute dans un grand magasin de Copenhague. Dans un contexte de crise du chômage, des groupes de pères Noël se promenaient sur des patins à roulettes, d’autres attaquaient les bâtiments de l’État avec des fourches, d’autres rendaient visite aux personnes âgées dans les foyers de soins, et aux enfants dans les écoles. Les événements ont atteint leur apogée lorsque l’Armée du Père Noël est entrée dans un centre commercial et a commencé à distribuer gratuitement des cadeaux des étagères du magasin aux acheteurs, en disant « Joyeux Noël! Aujourd’hui, personne n’a à payer. » Ils ont justifié leurs actions en disant qu’ils rendaient des cadeaux aux travailleurs qui les avaient faits.

Noël, cette période merveilleuse où tous nos rêves se réalisent, où tous nos problèmes disparaissent sous une chape de cadeaux et de chocolats. En tout cas c’est ce que les patrons veulent nous faire croire, parce qu’en vrai c’est surtout une période intense de production et d’écoulement de marchandise.

Par ici, l’industrie agroalimentaire tourne à plein régime, les commerces embauchent comme jamais, pareil dans la logistique (centres de tri, entrepôts de magasins de jouets ou de grandes surfaces) où les intérimaires se multiplient. Du coup vu comment c’est galère de trouver du taf à Rennes on va pas faire la fine bouche et on va encore aller bosser quelques semaines dans des conditions de merde. Parce qu’en parallèle c’est les cadences qui augmentent, la pression de nos chefs s’intensifie, tout doit être prêt pour que la magie (des profits) de Noël soit sans accrocs.

Et puis la douille qui nous fait accepter tout ça c’est qu’on a justement besoin de thunes à Noël, plus que d’habitude en tout cas. Pour les cadeaux, pour les vacances, pour se faire un bon gueuleton parce qu’on a le droit de se faire plaisir aussi. Et ça les patrons ils le savent, du coup c’est le festival des primes à la productivité, à la présence et on nous remet une dose de compétition entre travailleurs, ça doit être l’esprit de Noël !

En bref en cette période de fêtes, l’exploitation qu’on vit toute l’année devient particulièrement lisible, parce qu’on nous en demande plus, que les chefs sont plus infects, que la compétition et le chantage à la prime sont poussés à leur maximum. C’est pour ça nous trouvons ce moment particulièrement intéressant de diffuser des enquêtes militantes, un questionnaire que nous avons conçu pour mieux comprendre les différents situations vécues au travail, mieux voir ce que nous avons en commun et comment s’organiser pour être plus fort collectivement.

Parce que l’intérêt de cette période où les patrons se gavent plus qu’une oie avant les fêtes, c’est aussi que si on relevait la tête et qu’on arrêtait de subir on pourrait leur faire mal, très mal. Alors que le gouvernement lâche des miettes pour calmer la colère qui s’exprime en france depuis quelques semaines, pourquoi ne pas pousser l’avantage et porter l’attaque contre le patronat ?

Il y a fort a parier que les dommages économiques qu’auraient des grèves et des blocages en cette période pourrait mettre les patrons en panique et pourquoi pas nous faire gagner plus que des miettes.